- Dreamcatcher
Croire que l’intelligence est innée, est un non-sens scientifique
Il m’arrive depuis quelques mois d’accompagner des collégiens en difficultés et d’évoquer avec eux la façon dont ils pourraient mieux réussir à l’école. Prisonniers inconscients de leur 3èmemain, de leur image sur les réseaux sociaux et de l’obligation d’immédiateté, ils sont en effet de plus en plus nombreux à renoncer à l’école parce qu’ils n’ont pas les garde fous et l’environnement propice à développer leur confiance et à apprendre à apprendre ! Car, aujourd’hui, on sait qu’un enfant pour grandir n’écoute pas, mais qu’il observe et reproduit, conférant la responsabilité de son environnement dans sa capacité à lui montrer le chemin et lui donner des valeurs pour se dessiner un avenir. Eh bien oui, nous sommes responsables en tant que chargés de leur éducation comme de leur instruction. Alors vous me direz, « de mon temps on ne se posait pas toutes ces questions…on faisait ce qu’on nous disait » C’est vrai. Mais il faut vivre avec son temps. Et jamais notre monde n’a été aussi peu expliqué conjointement laissant des enfants à l’abandon sous prétexte qu’ils ont tout à portée de main, et ce, malgré toute la bienveillance des parents et la pédagogie des enseignants qui ne peuvent pas tout compenser.
Nombreux sont les élèves qui ne peuvent pas régler leurs difficultés d’apprentissage, de concentration, d’attention et qui auraient besoin d’un suivi personnalisé afin qu’ils ne développent pas des croyances du type « je suis nul » et « je suis pas intelligent » pour finir par « j’aime pas l’école »…. Mais voilà, il n’y a personne pour leur répéter que l’intelligence n’est en aucun cas innée, qu’on apprend à tout âge, qu’il faut du temps et de la disponibilité cérébrale pour retenir ses leçons, que le cerveau est un muscle en développement continu … et résolument formé entre 23 et 25 ans.
Vous verriez la tête de ces gosses abordant avec moi le concept de plasticité neuronale et prenant conscience qu’ils disposent de toutes les capacités pour réussir s’ils le veulent. Ohhh j’en vois certains lever les yeux au ciel !!! Pourtant, ils adorent découvrir leur cerveau, et ses 86 millions de neurones, en comprendre comment se forment les connexions, le pouvoir de l’attention et de la concentration dans l’apprentissage par la répétition, le rôle de leurs 4 lobes et surtout le fait que ce qui est essentiellement sollicité à l’école est une intelligence d’abord linguistique associée à une intelligence logico mathématique. Une fois qu’ils ont compris cela, bien sûr le plus dur reste à faire, leur expliquer que ce n’est pas magique… que cela se travaille, et les aider à trouver leurs propres relais sur le comment…comment réduire le poids des réseaux sociaux, comment se discipliner pour attaquer les devoirs et bien apprendre ses leçons avant de jouer à la PS4 (pas plus d’une heure), qui appeler à l’aide et sur qui compter quand on ne comprend pas, quand on se décourage, comment mettre les parents dans le coup sans avoir peur de se faire gronder si on a de mauvaises notes, comment en parler aux enseignants et aux relais famille, comment garder espoir. Et je vous assure qu’ensemble, ils trouvent des solutions tout en comptant sur vous pour les aider à se relever …s’ils tombent car c’est aussi votre job.
Et ça, c’est juste une autre casquette de mon métier, celle de mentor, une sorte de pivot au service de ces enfants, de leur famille et de l’école pour aider au développement de leur confiance, à la maitrise de leur stress, comme au rappels des besoins de leur cerveau pour devenir plus autonomes et donc plus responsables dans un monde où ils sont condamnés à l’apprentissage et à l’adaptabilité constantes.